Les prédictions financières pour le budget de l’année 2025 de l’Université de Rouen sont alarmantes. Presque partout en France, les présidents d’universités tirent la sonnette d’alarme sur une situation devenue critique. Laurent Yon, président annonce un déficit prévisionnel de 13,5 millions d’euros pour l’année 2025
Depuis un mois, les présidents des universités ne cessent de crier à l’aide. Le jeudi 21 novembre 2024, certains s’étaient déplacés à Paris pour se plaindre auprès de leur ministre, Patrick Hetzel. Une visite que Laurent Yon ne juge pas fructueuse. « On ne s’est pas senti écouté et soutenu ». Puis, le mardi 3 décembre, de nombreuses universités ont fermé leur porte en signe de protestation.
L’impact des mesures Guérini
Comment une situation aussi préoccupante a pu arriver ? Un des facteurs aggravants de l’appauvrissement des trésoreries des universités est le vote des mesures Guérini. Cette série de mesures salariales destinées à soutenir le pouvoir d’achat des fonctionnaires et plus spécifiquement celui des agents rémunérés aux plus bas salaires de la fonction publique a des impacts bien concrets sur la trésorerie des universités. Incapable d’en absorber financièrement le coût, ce sont presque trois millions par an que les universités vont devoir trouver.
Laurent Yon se plaint du fait qu’il soit demandé aux universités de faire beaucoup d’effort or ils font déjà beaucoup d’efforts. « On doit puiser dans nos ressources budgétaires pour des mesures que nous n’avons pas prises. » Ce sentiment d’injustice est partagé par de nombreux dirigeants des établissements d’enseignement supérieur de la recherche qui regrettent l’absence d’un Etat décideur-payeur.
Le budget 2025 pour l’université de Rouen a été envoyé au rectorat. Le déficit a été calculé à 13,5 millions d’euros. Pour limiter la casse, plusieurs mesures drastiques pourraient être adoptés. Par exemple, il n’est pas exclu de baisser les capacités d’accueil sur Parcoursup, réduire le nombre de formations disponibles ou encore arrêter momentanément la rénovation énergétique des bâtiments.
« L’université ce n’est pas une dépense, c’est une richesse ».
Or, la plupart des bâtiments de l’Université de Rouen sont vieux de 60 ans et sont déjà des passoires thermiques. « Si je ne peux plus rénover, tout va se dégrader. On est déjà à 19 degrés dans les bâtiments. On fait déjà des efforts. Pourtant, en 2023, la facture a augmenté de 3 millions d’euros alors que la consommation a baissé de 5%. On fait tout ce qu’il faut pour être sorbe énergétiquement.»
La potentielle application d’une politique d’austérité pourrait pénaliser les 35 000 étudiants du campus, le personnel mais aussi la société dans son ensemble. Laurent Yon explique : « L’université est le premier opérateur de recherche. Nous avons un rôle fondamental. L’université ce n’est pas une dépense, c’est une richesse.»
Si la situation financière de Rouen continuait à décliner dans le futur, celle-ci pourrait être dans l’incapacité de payer les salaires du personnel. Le risque c’est de finir sous la tutelle du rectorat et ne plus pouvoir gérer son budget.