Catastrophes climatiques, quel traitement éditorial ?
Lors de la 18ème édition des Assises du Journalisme à Tours, une conférence dédiée au traitement éditorial des catastrophes climatiques était organisé. Voici quelques enseignements que la rédaction de Radio Campus Rouen a tiré de cette réunion.
Alors que, selon l’Observatoire des médias sur l’écologie, 7 Français sur 10 souhaitent voir un traitement médiatique de l’écologie basé sur les solutions et que 3 sur 4 estiment en savoir assez sur le climat, une refonte en profondeur du traitement de ces questions semble être nécessaire pour recaptiver le public sur les questions écologiques. Devant ces chiffres, les rédactions essayent de se remettre en question pour recaptiver le public sur les questions écologiques.
Yvan Couronne, en charge des questions écologiques à l’AFP, interrogé sur le sujet, a évoqué l’importance de structurer correctement les rédactions afin de répondre au mieux à ces problématiques. Selon lui, les rédactions ne peuvent plus être structurées comme elles l’étaient il y a une dizaine d’années avec à un étage le service économique et à un autre le service écologique. L’écologie a un impact direct sur l’économie ou la politique. Le journaliste explique qu’il est désormais primordial d’aborder les catastrophes climatiques de façon transversale afin d’anticiper au mieux les couvertures de ces évènements.
Comment les médias peuvent se réinventer pour éviter l’usure ?
26% des Français estiment que l’écologie est trop présente dans les médias. Selon Celia Gautier, Fondatrice et co-directrice chez Expertises Climat, chargée de mettre en relation des experts de l’écologie avec des journalistes, il ne faut pas remplacer le traitement actuel mais rajouter des éléments plus qualitatifs. Notamment, il est primordial de mettre davantage l’accent sur la biodiversité, une catastrophe lente et invisible qui est trois fois moins couverte que le climat.
En novembre 2022, BFMTV avait essayé un format original en créant un faux JT. Les téléspectateurs étaient alors plongés dans un récit dystopique installé en 2050. Bruce Toussaint, le présentateur avait été vieilli à l’aide de maquillage. « On voulait quelque chose d’innovant », expliquait alors Isabelle Quintard, la réalisatrice de ce docu-fiction. « […] pour projeter les téléspectateurs, la fiction semblait le meilleur moyen. »
Des échecs mais également des promesses
François Pitrel, journaliste environnement à BFMTV est revenu sur cet échec. Malgré un fort investissement en effort et en temps pour cette émission spéciale, les téléspectateurs n’ont pas répondu présent pour ce long format innovant et le programme a enregistré un des pires scores de l’année.
Cet échec d’un grand média généraliste ne doit pas éclipser la percée de nombreux médias indépendants spécialisés sur l’écologie qui ont bourgeonné depuis une vingtaine d’années. Parmi eux, Vert, fondé par Loup Espargilière, qui souhaite mettre en avant un récit écologique ni ennuyeux, ni culpabilisateur en mettant en service une newsletter. Vakita, fondé par Hugo Clément et Climax qui raconte l’écologie avec un ton sarcastique ont eux aussi réussi à rencontrer leur public et témoignent d’une avidité du grand public pour ses questions.