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The Creator est un film imparfait qui regorge d’amour pour la science-fiction. Avec un budget plutôt réduit par rapport à ses ambitions, le défi pour Gareth Edwards est de taille : proposer une vraie fable avec un rendu visuel digne de ce nom. Pari réussi ?
Gareth Edwards : un réalisateur à part dans le Hollywood de 2023
The Creator, c’est le nouveau projet de science-fiction de Gareth Edwards. Si son nom ne vous dit peut-être rien, il s’est fait connaître d’abord à la fin des années 2000 en travaillant sur les effets spéciaux de la série à gros budget Attila produite pour la BBC. Son premier film, Monsters, produit par un studio indépendant, sort en 2010 et permet au réalisateur de gagner la reconnaissance du milieu du cinéma. Avec 500 000 dollars à peine, il réussit à offrir un rendu convaincant digne de nombreuses superproductions de l’époque.
Le succès d’estime de Monsters permet à Edwards d’enchainer sur son premier blockbuster, Godzilla, qui sort en 2014. Le film est une réussite, et la capacité du réalisateur à proposer des effets spéciaux fous avec un budget resserré est saluée par la critique. Godzilla est donc un gros succès au box office. Ce succès lui permettra d’être embauché par Disney pour réaliser Rogue One, un spin-off de Star Wars, qui sort en 2016. Si le film est très bien accueilli tant par la critique que par le public, Edwards est frustré de son expérience tant les contraintes de travailler sur une franchise sont nombreuses…
Les bases de l’univers de The Creator
Et nous revoilà donc en 2023, The Creator est sorti en salles, sept ans après Rogue One et cette fois, Edwards a pu profiter pleinement de son statut de réalisateur.
The Creator, de quoi ça parle donc ? Le film se déroule dans un futur dystopique, où les intelligences artificielles se sont retournées contre les humains. La guerre, jusqu’ici dominée par les IA, prend un tournant avec le lancement de l’USS NOMAD, une immense station spatiale disposant d’armements révolutionnaires qui peuvent frapper partout sur Terre.
Les IA, conscientes du danger que représente l’USS NOMAD, disposent d’une arme pouvant contrer celui-ci.
Notre protagoniste, Joshua, ancien agent infiltré des forces spéciales auprès des IA, et marqué par la mort de sa femme Maya lors d’un bombardement de NOMAD, qui était enceinte, est renvoyé en mission pour trouver Nirmata, le leader de l’armée d’IA, ainsi que l’arme pouvant mettre fin à la guerre. S’il est évidemment réticent au début, l’armée lui montre des images d’archive prouvant que sa femme serait encore en vie. Sur son chemin, il se rendra compte que l’arme est en fait une enfant robotique, et que cette dernière serait en mesure de le mener à sa femme…
Une histoire classique bien exécutée et portée par ses personnages
Si l’histoire est somme toute plutôt classique pour le genre, elle est suffisamment bien développée pour être intéressante. Un tel récit dépend aussi énormément de ses personnages, et de ce point de vue, c’est une franche réussite.
Chaque personnage a une personnalité propre, et est bien écrit malgré quelques petites lourdeurs. Par ailleurs, le jeu d’acteur est irréprochable, que ce soit pour John David Washington, qui décidément commence à se faire un sacré CV, ou pour la toute jeune Madeleine Yuna, qui incarne l’androïde qui va l’accompagner au long de son périple et qui est excellente.
L’histoire s’inspire d’un milliard d’univers différents sans jamais les singer. Des auteurs comme Philip K. Dick, Isaac Asimov et Georges Lucas pour le cinéma sont référencés, mais Edwards est parvenu à créer un univers impressionnant, cohérent et incroyablement dense, tout en restant fidèle à ses idées. Des thématiques telles que l’acceptation d’autrui sont abordées, et notre rapport aux nouvelles technologies est questionné.
Un budget “dérisoire” pour un résultat époustouflant
Gareth Edwards a eu le droit à un budget ridicule de 78 millions de dollars pour mettre en scène son histoire. Pour autant, le résultat est extrêmement impressionnant. Et le réalisateur a employé de nombreuses ruses pour utiliser son budget le mieux possible.
D’abord, il a renoncé à tourner son film avec des caméras ultra-modernes, beaucoup trop chères. En parallèle, le choix de John David Washington, s’il est logique maintenant qu’il devient de plus en plus connu, ne l’était pas en 2021 lorsqu’il fut annoncé au casting. Le film ne s’encombre pas d’une grosse star hollywoodienne et fait aussi des économies.
Enfin, et c’est le plus important, Gareth Edwards a tourné The Creator en décor naturel, ce qui est infiniment moins cher que de tourner intégralement sur fond vert comme pour les Marvel par exemple.
Le film n’a couté que 78 millions de dollars, mais semble en avoir couté le double, au minimum, tant le résultat à l’écran est époustouflant. Je n’avais pas pris une telle claque devant un blockbuster de SF depuis longtemps.
En produisant en partie le film lui-même (Disney produit le film indirectement avec ce qu’il reste de la Fox), il s’est assuré de bénéficier d’une liberté maximale de ton et ça se voit. À noter que la bande-originale est composée par Hans Zimmer, mais qu’elle a le mérite de se distinguer de ses productions habituelles.
Un accueil public mitigé
Les blockbusters qui sortent aujourd’hui en salles sont essentiellement inspirés de franchises ou de licences à succès. À une époque où les films du Marvel Cinematic Universe ou les grosses franchises se cassent la figure, donner sa chance à un réalisateur pour qu’il propose SON film est plus que bienvenu.
Mais voilà, The Creator a fait un gros flop en salles, que ce soit aux États-Unis ou dans le reste du monde.
Le film a peiné à rembourser son budget, et c’est vraiment dommage. Entre une campagne marketing quasiment invisible en dehors des salles de cinéma et des trailers plutôt ratés, le film semblait destiné à être un échec.
Si The Creator n’a pas pu être sauvé lors de son exploitation en salles, il est encore possible de lui donner une seconde chance aujourd’hui. Bien que classique, l’aventure proposée par Gareth Edwards n’en demeure pas moins passionnante, et le spectacle est total. Mine de rien, c’est déjà pas mal…